[Emission « Dans les Secrets des Bâtisseurs », diffusée sur RMC Découverte le 31 juillet 2020]
Synopsis :
Cette émission vous propose un top 10 de dix « inventions anachroniques » datant de l’Antiquité, de l’Amérique précolombienne à la Chine, en passant par l’Egypte, la Grèce et l’Empire Romain. Elle est une traduction de l’épisode 10 de l’émission britannique Ancient Top 10 diffusée sur la
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Les intervenants :
Les deux principaux présentateurs sont les britanniques Andrew GOUGH, auteur et acteur, et Jerry GLOVER, auteur et journaliste, les deux intéressés par l’Histoire et l’ésotérisme comme l’illustre leur site respectif.
GOUGH est informaticien de formation, devenu directeur commercial. Il est actuellement le vice-président de la société Global Sales comme vous pouvez le constater sur son profil LinkedIn. Il n’a donc aucune qualification en Histoire, en archéologie ou en anthropologie. GLOVER quant à lui n’affiche pas son parcours universitaire.
Paul HARRISON, égyptologue de formation à l’Université de Londres, diplômé en 2012, s’est fait connaître non pas pour ses travaux en égyptologie, mais pour les connexions que ce thème rencontre dans le monde moderne comme l’illustre son livre « Profane Egyptologists » paru en 2018, et qui est l’un des rares à étudier le Kemetisme, mouvement contemporain de résurgence de la religion égyptienne.
Ortis DELEY, est un présentateur télé britannique, animateur radio, chanteur et acteur, sans formation scientifique ou d’histoire. Il a surtout une notoriété auprès du jeune public de Grande Bretagne pour avoir animé la chaîne
Jessica McGINN, est technicienne pour la police scientifique canadienne. Elle a fait ses études à l’université de Sheffield en Grande Bretagne mais est présentée comme archéologue, qui est effectivement sa formation de base, notamment dans la Grèce et l’Egypte Antiques. Mais elle n’exerce donc pas ce métier.
Jaega WISE, est ingénieur chimiste, spécialisée dans la production de la bière, et présentatrice télé pour la BBC sur tout ce qui touche à la nourriture.
Mary-Ann OCHOTA, est une présentatrice télé, anthropologue de formation, mais également mannequin publicitaire, journaliste et auteure d’un livre sur les mystères de la Grande Bretagne. Elle n’est pas connue pour ses publications scientifiques en anthropologie.
Bettany HUGHES, est présentatrice télé et écrivaine, historienne de formation. Elle est aussi connue pour avoir réalisé plusieurs films mais n’est pas connue pour des publications scientifiques. Elle est pourtant présentée comme historienne professionnelle alors qu’elle n’exerce pas ce métier.
Alice ROBINSON, est présentatrice télé et productrice freelance, historienne de formation de l’université d’Oxford, titulaire d’un Master en archéologie et anthropologie. Elle est actuellement à la tête d’une société de production et n’exerce donc pas le métier d’historien, bien qu’elle soit présentée comme telle.
Terry SCHAPPERT, est un ancien membre de la Garde Nationale américaine des Forces Spéciales, expert militaire, il est aussi diplômé d’un équivalent d’une licence d’anthropologie (Bachelor of Arts). Il est régulièrement commentateur sur la chaîne Fox News et History Channel. Il apparaît à la
Le Dr Darius ARYA, présentateur télé américain, et aussi un docteur en archéologie et expert dans plusieurs domaines en rapport avec l’Histoire. Il est à la fois enseignant, directeur de fouilles et directeur exécutif de l’American Institute for Roman Culture, une organisation à but non lucratif qui œuvre pour la promotion et la défense du patrimoine culturel de Rome, sa ville de résidence.
Le Dr Allan MACA, est un docteur en archéologie et anthropologie de l’Université de Colgate dans l’Etat de New York. Il est auteur de plusieurs publications scientifiques.
Le Dr John NAYLOR, est un historien britannique, travaillant pour l’Asmolean Museum d’Oxford. Il est titulaire d’un doctorat et l’auteur de nombreuses publications scientifiques sur l’histoire du commerce au début du Moyen Age. Il dirige le service d’identification des pièces de monnaie et des objets archéologiques du Musée et est directeur de projet.
Mike EDMUNDS, est un astrophysicien britannique connu pour ses travaux sur l’analyse de la composition des galaxies. Il dirige aujourd’hui le projet d’étude international de la Machine d’Anticythère.
Resume :
Dans cet ordre, le commentateur en voix off nous présente les dix sujets entrecoupés d’interventions d’écrivains, de journalistes ou présentateurs télé, affichés comme experts en Histoire, alors qu’ils ne sont pas chercheurs et ne publient aucun résultat de recherche scientifique en archéologie ou en anthropologie. Quatre véritables experts sont en revanche interviewés sur des parties très ciblées, des sujets sérieux.
Dans son introduction, l’hypothèse de relation entre des peuples de l’Antiquité et des civilisations extraterrestres est même évoquée et annonce la tonalité de l’émission. Elle prétend qu’il appartient alors aux téléspectateurs de choisir « leur vérité perdue ».
L’oiseau de Saqqarah
Il s’agit d’un artefact en bois de sycomore représentant un oiseau datant de l’Egypte Antique. Il est immédiatement annoncé comme étant un « appareil volant » sans précision de ses dimensions et sa photo très brièvement affichée :
Les présentateurs GOUGH, GLOVER et DELEY, ainsi que l’égyptologue HARRISON et la technicienne scientifique McGINN, présentent cet objet actuellement exposé au musée du Caire. Ses caractéristiques ne sont pas communiquées (taille, poids) et un age approximatif de 2000 ans est donné. Ayant été trouvé dans une tombe, il est déduit que cet artefact avait une usage pratique comme pour tous les objets présents dans les tombes égyptiennes. La comparaison avec un boomerang égyptien est faite pour montrer qu’il existait des objets pratiques se déplaçant dans l’air. Il est aussi évoqué que cette sculpture serait un modèle réduit mais qu’aucun objet plus grand similaire n’a été découvert.
La queue très fine et verticale est comparée à un stabilisateur d’avion moderne par GLOVER et l’on souligne que ce type de forme n’existe pas dans la nature chez les oiseaux. En revanche, il lui manquerait une empennage horizontal, et des marques à l’arrière de sa queue laisseraient supposer que la sculpture est incomplète.
A grand renfort d’images de synthèse, l’objet transformé (car équipé de ce morceau théoriquement absent) est proposé comme étant la preuve d’une connaissance en aéronautique dans l’Egypte Antique. Aucune autre hypothèse contradictoire n’est proposée au téléspectateur alors que d’autres scientifiques ont étudié cet objet et proposèrent des hypothèses et des résultats de travaux très différents. Cette présentation conclut que la question des connaissances en aéronautique reste sans réponse … en écartant délibérément tout un groupe de réponses possibles.
A noter que les auteurs des études en question ne sont pas nommés, notamment le Dr Dawoud Khalil Messiha qui est pourtant à l’origine de cette hypothèse publiée en 1983 dans une revue scientifique et dont il est coauteur : Khalil Messiha, Guirguis Messiha, Gamal Mokhtar et Michael Frenchman, African Experimental Aeronautics: A 2,000-Year-Old Model Glider, Blacks in Science: Ancient and Modern, 1983
Il est notable que cette émission en n’affichant pas les hypothèses contradictoires, est de parti pris et qu’elle verse ainsi dans la désinformation volontairement.
La lampe de Denderah
Un bas-relief vieux de 4500 ans dans le temple d’Hathor à Denderah est présenté comme étant une ampoule électrique. GLOVER nous commente alors une photo de celui-ci qui « ressemble à une énorme ampoule ». Une transition est faite d’ailleurs vers une véritable ampoule qui aurait la même forme et dans la même position, pour forcer le rapprochement.
La localisation dans le Temple d’Hathor est donnée ainsi que l’age approximatif de 4500 ans – donc plaçant 2500 avant Jésus-Christ ce bas-relief, c’est-à-dire contemporain du pharaon Khephren ou de son successeur.
L’hypothèse d’une ampoule électrique pendant l’Ancien Empire est donc posée mais le téléspectateur pourra se poser la question de savoir qui sont ces experts qui émettent cette hypothèse car l’émission n’en donne ni l’identité ni même la profession : « certains » est le mot employé.
Il est ensuite affirmé par la voix off que le verre primitif qu’utilisait les anciens égyptiens aurait pu servir à faire des ampoules. Mais aucune preuve matérielle sur les connaissances de la fabrication du verre et son usage en Egypte n’est présentée.
Puis une extrapolation est faite que Dendérah serait un centre de recherche scientifique antique et que l’hypothèse d’un éclairage par des lampes-torches serait communément admise mais que, ô surprise, il n’en existe aucune preuve. Là encore, l’expression « communément admise » est sans précision de qui pose et admet lesdites hypothèses. GLOVER argumente expliquant que l’absence de trace de suie est un indicateur allant dans le sens d’un système d’éclairage électrique.
Plus ambiguë est alors l’intervention de l’égyptologue Paul HARRISON :
« Evidemment les Égyptiens ne disposaient pas de l’éclairage électrique, mais on ne peut nier que la lampe de Dendérah ressemble à l’une de nos ampoules. »
Paul HARRISON, égyptologue
Si aucune hypothèse contradictoire n’est proposée, curieusement l’égyptologue émet la conclusion inverse (pas d’éclairage électrique existant est une évidence) mais en mentionnant qu’une ressemblance existe. Il est donc en totale dissonance avec le discours de GLOVER et la façon dont est présentée le bas-relief, sans que pour autant cela soit flagrant, d’autant que les deux intervenants ne se répondent pas dans une conversation.
Les avions en or de Colombie
Des figurines en or représentant des « avions » sont présentées, GOUGH prolongeant l’idée introduite par l’oiseau de Saqqarah. Sauf qu’il ne s’agirait plus de planeurs, mais clairement de machines volantes. Il va même jusqu’à affirmer qu’ils ressemblent à des vaisseaux spatiaux : une comparaison avec la navette américaine Columbia est offerte aux téléspectateurs.
Découvertes à la fin du 19ème siècle dans des tombeaux, ces sculptures ont été fabriquées il y a plus de 1000 ans par la tribu Quimbaya au cœur de la forêt colombienne. L’hypothèse faite est ici que les sculpteurs auraient traduit en modèle réduit, des appareils véritables. Et encore une fois, l’argument de l’empennage vertical est présenté par GLOVER qui conclut qu’il s’agit d’un appareil volant, et non pas d’un insecte ou d’un oiseau.
- Notez que cette hypothèse est reprise par des sites de complotismes qui attribuent ces artefacts aux Incas (comme par exemple Nouvel Ordre Mondial), alors que les Quimbayas sont un peuple de Colombie extérieur à l’Empire Inca arrivé par le nord de la Colombie vers 1300, et sans aucune relation ethnique avec eux.
L’émission joue alors avec des images du site de Chichen Itza, El Castillo, au Mexique à plus de 3000 kilomètres de la Colombie, mais approximativement de la même période que la tribu des Quimbaya. Dans quel but ? Probablement un plan artistique inséré au montage de l’émission pour gagner quelques secondes … car sans rapport avec le sujet traité.
« De nombreuses personnes pensent que des extraterrestres ont visité la Terre il y a bien longtemps. […] Et ces objets pourraient en être une preuve. »
Propos d’Andrew GOUGH traduits de l’anglais vers le français.
Et la voix off de préciser que nous ne saurons jamais si ces objets sont les modèles d’un véhicule spatial. Cependant, des tests effectués en 1997 sont présentés : des experts allemands ont testé des reproductions de ces appareils afin de prouver s’ils pouvaient voler ou non. Sans précision de l’identité de ces personnes, et en omettant d’indiquer que des moteurs ont été ajoutés à ces réalisations d’aéromodélisme, moteurs que l’on entend pourtant puisque le film nous montre ces maquettes de même forme et qui volent, vantant un aérodynamisme parfait.
Les hieroglyphes d’Abydos
Dans le temple funéraire de Seti Ier à Abydos, des signes gravés sur le fronton d’une porte semblent représenter des véhicules modernes : un tank, un hélicoptère et une soucoupe volante. Ces symboles nous sont présentés dans le contexte architectural et en gros plan :
Ces gravures sont commentées par la voix off comme étant mystérieuses et « preuves de l’existence de machines volantes au cours de l’Antiquité ». Une datation du 13ème siècle avant notre ère est mentionnée.
« Certains experts considèrent qu’elles révèlent plus sur les connaissances des peuples antiques que n’importe quelles autres gravures ». […] Certains défendent la théorie selon laquelle se sont des représentations d’appareils extraterrestres. »
Mais comme toujours, les experts en question ne sont pas nommés. GLOVER insiste sur la ressemblance d’un premier signe avec un hélicoptère, puis à côté un tank, et enfin un signe qui représenterai un croisement entre un jet et une soucoupe volante. A grand renfort de montages, ces comparaisons sont accentuées pour que le téléspectateur y adhère.
Paul HARRISON, l’égyptologue, commente alors l’étrange coïncidence de la juxtaposition de ces gravures côte à côté et ne propose aucune contre hypothèse – chose que l’on attendrait d’un expert dans ce domaine pourtant. Paradoxalement, ces signes sont pourtant appelés hiéroglyphes, c’est-à-dire qu’ils sont désignés comme étant des symboles du système d’écriture des Anciens Égyptiens et alors qu’ils sont effectivement présentés dans un contexte global qui est bien un texte hiéroglyphique. Mais ce paradoxe n’est pas plus souligné par HARRISON que par GOUGH, qui conclut en posant la question de savoir si les sculpteurs d’Abydos ont voyagé dans le temps !
La pile electrique de Bagdad
Andrew GOUGH présente alors un artefact affirmant qu’il ne peut être rien d’autre qu’une pile électrique, découvert à Bagdad dans les années 30 et aujourd’hui disparu : nous ne disposons que de clichés. Il serait vieux de 2000 ans et était exposé au musée national d’Irak.
La voix off décrit le contenu de la poterie en terre cuite, à savoir un cylindre de cuivre à l’intérieur duquel une tige de métal était insérée. Et Jaega WISE, présentatrice télé et ingénieure chimiste, d’affirmer que de nombreuses analyses ont démontré qu’elle aurait contenu du vin, du vinaigre ou du jus de citron … bien que nous n’ayons pas trouvé trace desdites analyses puisque l’artefact a disparu du musée.
Il est toutefois souligné que cette conclusion est sujette à controverse sans que pour autant celle-ci soit argumentée par un exposé contradictoire. Une réplique de l’objet nous est alors présentée, censée produire 1 volt alors que l’appareil de mesure montre 0,5 V (la graduation noire des Volts indique 50). Jerry GLOVER nous explique ensuite que plusieurs artefacts de ce type montés en série auraient permis de réaliser de la galvanoplastie, c’est à dire un procédé moderne d’orfèvrerie de plaquage des métaux.
Andrew GOUGH conclut alors qu’il s’agit ici d’une preuve qu’il existerait une ou plusieurs civilisations antérieures qui auraient transmis ce savoir, mais dont il ne resterait à ce jour plus de trace. WISE souligne qu’il n’existe d’ailleurs aucune trace écrite d’une quelconque connaissance d’une technologie antique produisant de l’électricité.
Et la voix off de conclure que nous n’aurons jamais la réponse à cette question.
Les blocs cyclopeens de Baalbek
L’émission nous présente alors le Temple de Jupiter de Baalbek, au Liban. Datant de l’an 60 de notre ère, il est comparé par sa superficie à neuf terrains de foot.
Mary-Ann OCHOTA nous présente alors cette prouesse technique des Romains pour impressionner les locaux et les ennemis, notamment en raison de trois blocs massifs situés à la base du temple. Les dimensions sont données : plus de 4 mètres d’épaisseur pour 20 mètres de longueur (sans précision de la dernière dimension qui ne peut pas être mesurée d’ailleurs) et d’un poids estimé de 800 tonnes chacun, en faisant les plus gros blocs monolithiques pris dans une construction au monde.
Bettany HUGHES prend alors le relais indiquant ce que l’on sait du savoir romain de cette époque : ils savaient soulever 100 tonnes et des images d’archéologie expérimentale sont offertes aux téléspectateurs : des treuils en bois et en cordage. Le problème des blocs de Baalbeck est alors posé : comment ont ils été déplacés puisqu’ils sont extrêmement pesants ? La voix off nous indique alors que la carrière de réalisation de ces blocs est connue et située non loin où un quatrième bloc inachevé est présent. Une comparaison en image est faite avec nos grues modernes nécessaires pour déplacer des blocs de ce poids.
Alice ROBINSON intervient indiquant que les palans romains de cette époque permettait de soulever « des poids 60 fois plus élevés qu’en temps normal » mais elle ne précise pas ce qu’est « un temps normal » si bien que cette comparaison reste sans signification précise. La voix off relève que d’autres constructions romaines de grande ampleur ont été réalisées mais avec des blocs beaucoup plus petits : immeubles de six étages, temples, le Colisée, … sans évoquer cependant que ces constructions ont été bâties ailleurs et à d’autres époques : l’argument n’est donc pas creusé davantage.
Mary-Ann OCHOTA conclut alors en évoquant l’utilisation de barge (illustrée par des images de synthèse) mais soulève alors ce paradoxe qu’il n’y a aucune rivière à proximité : le mystère des trois blocs reste donc entier.
Les geoglyphes de Nazca
Dès le début de la séquence consacrée aux lignes de Nazca, elles sont présentées comme la preuve « d’après certains » de la visite d’extraterrestres. Et Jerry GLOVER de les présenter comme « un grand mystère ». La voix off fait alors un plan de situation, localisant le site de Nazca au sud du Pérou, des vues aériennes nous montrant les représentations les plus célèbres : le Colibri, l’Araignée, des diagrammes, des lignes et des formes …
Terry SCHAPPERT, l’expert militaire est interviewé indiquant que la plus grande figure fait 300 mètres. La voix off prend alors le relais indiquant que les signes sont creusés dans le sol sur une trentaine de centimètres, les conditions climatiques de la zone rendant possibles leur conservation. Une datation à 500 avant Jésus-Christ nous est proposée.
Le Dr Darius ARYA, chercheur en archéologie, prend alors la parole et décrit le site plus précisément : 800 lignes droites, 300 dessins géométriques et 70 représentations d’animaux et plantes sur une surface de 500 km².
Mary-Ann OCHOTA précise ensuite que ces signes ne sont pas tous visibles du sol, seulement vus du ciel et pose alors la question qui fait débat : comment furent-ils réalisés ? La voix off répond à sa question qu’on ne le sait pas.
Le Dr Allan MACA, archéologue et chercheur sérieux, évoque alors que plusieurs théories ont été formulées : les géoglyphes auraient servi à étudier l’astronomie, ou seraient des éléments d’un calendrier ou en rapport avec les constellations ou les mouvements du soleil – et effectivement la littérature ne manque pas depuis plusieurs dizaines d’années sur ce sujet, des plus fantaisistes au plus sérieuses. Il indique également qu’il existe une théorie « dans laquelle [il] se retrouve » : ces dessins seraient des circuits de procession du peuple qui vivait là autrefois – les Nazcas – qui donnèrent leur nom au lieu d’ailleurs. Il se trouve que les recherches les plus récentes avancent justement cette hypothèse.
La voix off évoque cependant sous forme de transition un géoglyphe bien connu surnommé « l’astronaute » en raison d’une ressemblance troublante : l’hypothèse sérieuse évoquée juste avant n’est pas approfondie. Andrew GOUGH et Jerry GLOVER concluent alors que « nombreux » pensent qu’elles servent de documentation pour la visite d’extraterrestres et seraient un message de bienvenue. Et donc le mystère resteraient entier. Mais qui sont ces nombreuses personnes ? Là aussi cela restera un mystère …
La carotte de granit de Petrie
de 4500 ans découverte près des Grandes Pyramides par l’archéologue Flinders Petrie, qui semble être le résultat d’un forage
L’armée de terre cuite de Qin
L’armée de terre cuite de la tombe de l’empereur Qin Shi Huang, le premier empereur de la Chine au 3ème siècle avant Jésus-Christ
La machine d’Anticythere
Notre critique :
Au delà de sa forme trop sensationnaliste, cette émission propose des sujets déformés et sans hypothèse contradictoire, que nous pouvons qualifier de désinformations. Plusieurs sont même en réalité des hypothèses de pseudos-historiens connus depuis des dizaines d’année mais ne sont pas présentées pour autant comme leurs auteurs respectifs – ce qui est d’autant surprenant que des journalistes intervenants à la BBC ont largement les moyens de trouver lesdites théories. Cependant, quatre sujets sur les dix ne font pas l’objet d’un travestissement :
- Le site de Baalbek, encore que l’hypothèse d’une origine romaine ne tient pas
- Le site de Nazca, présenté de manière très ambiguë mais avec en hypothèse contradictoire celle avancée par les archéologues qui étudient le site, relayée par le Dr Allan MACA, véritable chercheur en histoire
- L’armée de terre cuite de l’empereur Qin, présentée sans hypothèse réelle et comme elle peut être vue dans des ouvrages d’histoire de la Chine
- Et enfin, le point d’orgue de l’émission avec la machine d’Anticythère, qui pour l’occasion est exposée dans toute la complexité du sujet et avec le plus grand sérieux par Mike EDMUNDS, l’astrophysicien en charge du programme d’étude de cet artefact hors du commun.
Le site de Baalbek est en effet correctement présenté encore que d’autres sources d’information donnent des chiffres quelque peu différents, notamment l’estimation du poids des blocs (400 tonnes au lieu de 800), ainsi que sa datation, les Romains n’ayant fait que réemployer un site existant. Comme par exemple ce site : Biographie-Peintre-Analyse. Le lecteur notera d’ailleurs que cette source évoque une hypothèse non romaine de ces blocs (3000 ans avant JC), ce qui n’a rien d’étonnant car ce site est célèbre justement pour ce Trilithon – le nom donné à ces trois blocs :
« … les Romains ont utilisé une terrasse préexistante, faite d’immenses murs et d’énormes blocs de pierre. […] Leur transport et leur installation en position horizontale poseraient des problèmes insurmontables aux ingénieurs modernes, même en utilisant les technologies les plus sophistiquées. Et, cependant, ces pierres ont été érigées il y au moins plus de 3000 ans.
Biographie-Peintre-Analyse, mai 2015
Ce site internet ne donne pas ses sources, mais il évoque une hypothèse que l’émission ne mentionne pas : pourquoi écarter une origine non romaine ? Et ce alors que l’émission relève ce paradoxe que les Romains ne construisaient pas ainsi ? Dès l’enseignement secondaire en France, nous apprenons en cours d’Histoire que les Romains construisaient en brique quand les Grecs construisaient en pierres taillées : le paradoxe de ces blocs est donc relativement évident et d’un niveau scolaire qui ne demande pas d’être chercheur. Cela est d’autant plus surprenant que le Dr Darius ARYA est justement en poste à Rome et qu’il possède toutes les qualifications pour évoquer une piste non romaine … pourtant il n’est pas sollicité dans cette séquence de l’émission alors que largement compétent.
Concernant le site de Nazca, tout ce qui est dit est exact et le Dr Allan MACA évoque même ce que les derniers résultats scientifiques ont conduit à prouver : les géoglyphes seraient effectivement des chemins de procession mais également des éléments de signalétiques : le plateau désertique est un lieu où il est aisé de se perdre et les caravanes des peuples passant par là avaient besoin de points de repère. En revanche, il est faux d’affirmer que le mystère est entier quant aux techniques de fabrication des géoglyphes car ce site est largement étudié par les archéologues depuis leur découverte. Il est également erroné d’affirmer que ces symboles ne sont visibles que du ciel quand certains sont à flanc de colline, mais surtout, les études archéologiques ont conduit à trouver des poteries sur lesquelles ces mêmes signes étaient peints, montrant ainsi que les géoglyphes appartiennent à la culture du peuple Nazca.
Pour ce qui est de l’armée de terre cuite,
Et enfin la Machine d’Anticythère,
En conclusion :
Nous invitons les téléspectateurs à beaucoup de recul sur tous les autres sujets et nous vous proposons les articles permettant cela :
- L’oiseau de Saqqarah
- La lampe de Denderah
- Les avions en or de Colombie
- Les hiéroglyphes d’Abydos
- La pile de Bagdad
- La carotte de granit de Petrie
Il est particulièrement regrettable que des professionnels ayant une formation en Histoire se prêtent à un tel jeu où se retrouvent mêlés à des sujets sérieux quand d’autres font l’objet d’hypothèses très fantaisistes et même largement contredites ou sujettes à caution. Un tel mélange des genres induit le téléspectateur vers une histoire rêvée très éloignée des faits et il y a là une volonté de la part de l’équipe de réalisation de la présenter ainsi, sans donner les moyens aux téléspectateurs de relativiser.
Mais surtout, les intervenants ont ici le minimum de bagage pour savoir qu’ils ne présentent qu’une version très orientée d’une croyance, et non pas une hypothèse sérieuse. De par leurs formations respectives, ces présentateurs savent qu’une hypothèse contradictoire est nécessaire. Il y a donc dans cette émission un prérequis non scientifique : faire dans le sensationnel, voire dans l’audimat, et non pas une mission éducative. Le téléspectateur doit donc comprendre que cette émission cible un public qui n’est pas en quête d’un résultat scientifique.
Nous soulignons aussi que la traduction en français, notamment des titres des intervenants, intervient dans cette déformation car elle sort l’émission de son contexte d’origine. Était-elle destinée à un jeune public ? Dans quel contexte était-elle diffusée en Grande Bretagne et celui-ci est il identique sur RMC Découverte ? Et nous comprenons surtout que la traduction s’est faite sans remise en question du fond du sujet.