Les hiéroglyphes d’Abydos

Presentation de l’artefact

Il s’agit du linteau d’une porte du Temple de Seti Ier à Abydos que l’image suivante nous montre. Elle est issue d’une page dédiée du site Wikipedia :

Hiéroglyphes d'Abidos
Hiéroglyphes d’Abydos – Vue d’ensemble du fronton

Notez les signes de droite : ils sont ceux qui font l’objet d’une controverse, qui, comme nous allons le voir, est très vite levée.

Les hypotheses

D’aucun voit dans ces signes un hélicoptère, un tank et un aéronef comme vous pouvez l’observer dans le détail agrandi ci-dessous :

Hiéroglyphes d'Abydos
Hiéroglyphes d’Abydos – Agrandissement de la partie droite

Deux hypothèses s’affrontent et sont mentionnées par la page Wikipedia : la première propose que ce texte hiéroglyphique soit un palimpseste, c’est-à-dire un texte effacé par dessus lequel un second a été gravé. La seconde hypothèse est que les sculpteurs d’Abydos ont été témoins et ont reproduit ici des véhicules d’une technologie ultramoderne – voire extraterrestre.

Le debunk

Les arguments en faveur de la première hypothèse sont sans appel et invalident de facto la seconde, et donc ne pas confronter ces hypothèses dans un débat contradictoire est de la désinformation. Et nous notons que Wikipedia est une source fiable puisque l’auteur de l’article présente les deux points de vue et peut conclure :

« […] certains auteurs et partisans de l’ufologie, notamment de la théorie des anciens astronautes, interprètent comme étant des OOPArts, certains symboles ressemblant par paréidolie à un hélicoptère, un char d’assaut ou encore des aéronefs. »

Page Wikipedia des Hiéroglyphes d’Abydos

Comment statuer entre ces deux hypothèses ? Commençons par examiner la partie gauche de l’inscription dont voici un détail :

Hiéroglyphes d'Abydos
Hiéroglyphes d’Abydos – Partie gauche, une titulature royale

Ce texte hiéroglyphique se lit de la droite vers la gauche et représente un élément très connu dans ce système d’écriture : une titulature royale. Le roseau et l’abeille, complétés des deux pains en demi-lune, se lisent nsw.t-bjty dans la codification utilisée par les égyptologues ou translittération. Cette expression veut dire « Roi ». Les cinq signes suivants, la corbeille, les deux traits longs horizontaux et les deux traits courts, se lisent nb t3.wy et veut dire « Maître des Deux Terres ». Le groupe suivant est alors logiquement un cartouche royal puisque ces deux expressions sont la norme dans toute l’Antiquité Égyptienne pour introduire l’un des noms d’un pharaon, qui disposent d’ailleurs d’autres titres.

Le lecteur remarque immédiatement que le contenu du cartouche semble souffrir d’une anomalie : des signes se superposent. C’est ce que les spécialistes nomment un palimpseste, la superposition de deux textes, l’un remplaçant l’autre. Et nous pouvons alors faire l’exercice de traduire l’un et l’autre en vérifiant leur superposition :

Cartouche Seti Ier
Cartouche « Menmaâtrê » de Seti Ier

Cartouche « Setepenrê », l’élu de Râ

Il est alors évident que Seti Ier a fait remplacer par son nom, un cartouche qui initialement voulait dire Setepenrê, l’Élu de Râ, et qui peut aussi bien être compris comme un titre qu’un nom. C’est donc bien un palimpseste et nous pouvons alors élargir ce constat à l’ensemble du linteau.

Notez qu’il était dans les usages pour un pharaon de s’approprier les travaux réalisés par un prédécesseur en faisant écraser son nom par le sien, pratique si répandue que certains pharaons comme Ramsès II n’hésitèrent pas à faire graver leur propre nom très profondément dans la roche pour empêcher cela.

Regardons maintenant en détail la partie droite qui intéresse cette controverse :

Hiéroglyphes d'Abydos
Hiéroglyphes d’Abydos – Détail de la partie droite

Notez qu’à gauche deux groupes de trois traits verticaux viennent écraser le triple hiéroglyphe de la montagne (N25). Trois autres traits verticaux viennent aussi barrer le signe voisin, et le signe du pain (X1) a été très profondément creusé pour supprimer les pattes d’un signe qui était probablement un oiseau auparavant. A côté, le signe inférieur est celui d’un bras tenant dans la main un objet (peut-être le D229A) qui a été effacé par la première de deux petites corbeilles sur la droite, dans une partie maintenant illisible de l’inscription. Et l’on devine la présence du signe « km »(I6) juste au-dessus de ce bras, ainsi que des traces des hiéroglyphes illisibles qu’il remplace (peut-être est-ce Kemet qui désigne l’Egypte ?). Ceci nous démontre que le palimpseste s’étend bien à tout le linteau et surtout à tous les signes.

Dès lors, « l’hélicoptère » qui est au dessus de cet ensemble peut être interprété raisonnablement comme étant lui aussi le résultat d’un tel procédé. Sans certitude sur les signes d’origine car nous sommes hors contexte, il semble que nous ayons une superposition d’un bras (D36) et d’un œil (D4). De même que le « tank » est en réalité le signe de la main (D46), légèrement perturbé par des traces des signes effacés dans sa partie haute qui donne l’illusion de la présence d’un canon. Quant à « l’aéronef », il semble être le signe du bras (D36) dont l’épaule est reconnaissable, effacé puis remplacé par le signe de la bouche (D21).

Ci dessous les signes évoqués dans notre propos dans le même sens de lecture que l’inscription du linteau :

Signes Gardiner pour Abydos
Signes Gardiner N25, X1, D229A, I6, D36, D4, D46 et D21

Pourrait-on retrouver les deux textes et leur deux traductions ? Très probablement mais vous noterez que le linteau de la porte est abîmé : sans le texte autour, le travail de traduction n’est pas faisable sur la seule base des photos que nous avons-là. Il est même fortement probable que d’autres parties des murs de cette salle donne la solution ou propose un autre palimpseste plus complet, voire le texte en clair directement gravé sur une surface nette.

Nous partageons donc la conclusion de la page Wikipedia : il n’y a là que de la paréidolie à voir des machines modernes. La seconde hypothèse est donc même réfutée.

Emissions

A la recherche des vérités perdues

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